Le secteur du textile est l’une des industries les plus anciennes du monde bien qu’elle soit aujourd’hui totalement mondialisée.
L’Asie représente 80 % des exportations mondiales de textile et habillement (sur un total de 500 milliards de dollars). La Chine est le premier exportateur mondial dépassant en 2010 l’Union Européenne. L’empire du Milieu concentrait en 2010 30,7 % des exportations du secteur, contre 26,8 % pour l’Union Européenne. En 2019, la Chine a exporté pour 120 milliards de dollars, presque deux fois plus que l’Union Européenne (66 milliards).
De nombreux étrangers, venus s’installer en Chine entre 2000 et 2010, ont été témoins de l’évolution du pays et de sa prise d’ampleur dans cette industrie. Arrivé en Chine en 2006, Benjamin MARSAL, fondateur et directeur de l’entreprise Beta FV, a vu quelques petites usines se transformer en géants en moins de 5 ans (3 000 employés). A l’instar d’autres, ses années d’expériences lui ont permis d’élargir ses connaissances et son réseau d’entreprises et d’usines. Tout a commencé par la vente de pièces métalliques avant de s’intéresser au textile, son plus gros portefeuille industrie aujourd’hui.
La mission principale de l’entreprise de Benjamin est l’achat de matières premières et de produits finis pour la revente. Son entreprise achète principalement des produits venant de Chine (90 %), du Vietnam et de la Thaïlande pour les revendre en Europe (80 %), en Afrique, aux Etats-Unis et au Canada.
Benjamin explique que si la Chine est le premier pays exportateur de textile, c’est surtout parce que le pays dispose de la matière première contrairement à d’autres pays d’Asie dont les ressources sont limitées. Ainsi, le « made in China » ne doit pas être vu comme une annotation péjorative, mais plutôt comme une métaphore de la présence de certaines matières premières dans le pays.
De son côté, le textile vient très majoritairement de Chine (90 %), le cuir étant la seule exception (Italie). Il est principalement exporté en France, en Espagne et à Madagascar. Ces pays recherchent principalement de la matière première et des accessoires pour de la production sur place ou pour de la revente. Le plus gros client de Beta FV est la mercerie en ligne, notamment si l’on s’en tient aux chiffres de 2019/2020.
Le secteur du luxe est également important : les produits sont directement vendus au siège de la marque qui se charge de les distribuer dans leurs divers magasins.
Le Vietnam est reconnu mondialement pour sa production de meubles et de packaging, car le pays dispose des ressources nécessaires. En revanche, le textile (matières premières), bien que beaucoup représenté dans les usines, est majoritairement importé de Chine. Pour Benjamin, la Chine restera un acteur clé dans la production de vêtements et accessoires pour plusieurs raisons, autres que les ressources : le réseau de clients dont elle dispose, la modernisation de ses usines, la puissance du pays et son expérience.
La Chine dispose en effet d’une productivité plus élevée qu’ailleurs par son expérience, premièrement, et par l’automatisation de ses usines. Bien que l’un des atouts du Vietnam est son coût de main d’œuvre (environ 50 % moins cher qu’en Chine), beaucoup de clients n’y retrouvent pas leur compte, notamment lorsqu’il s’agit de travailler les produits dont les Vietnamiens n’ont pas l’habitude (la soie par exemple). Le Vietnam progresse cependant, c’est un fait, mais il n’est, à l’heure actuelle, pas possible de le comparer à la Chine du fait de sa démographie, sa taille et son histoire.
Les infrastructures jouent également un rôle prépondérant dans la lenteur de la croissance du Vietnam. Les routes notamment dans le sud sont mal en point, les accès au port ralentissent considérablement les délais de livraison. Des bateaux sont manqués, de par les files de camions sur plusieurs kilomètres de long, bouchant ainsi l’accès des containers au port. La logistique est déjà compliquée pour en plus rajouter des difficultés d’accès. Parfois, notamment pendant cette période COVID-19, il faut jusqu’à huit jours pour que le container soit chargé sur le bateau suite au chargement depuis l’usine de production. Cela s’explique aussi par la pénurie de bateau et containers sur cette fin d’année 2020.
D’ici 10 à 15 ans, le Vietnam aura une grosse place dans le secteur de la production mondiale. Être présent sur le territoire le plus tôt possible est alors non négligeable pour ceux désireux de produire au Vietnam. Il est opportun de comprendre que réaliser des études de marché avant de s’implanter est indispensable, aussi bien pour produire que pour vendre. Se renseigner sur les avantages comparatifs du Vietnam est donc très important, tout comme être capable de répondre à la question, par le biais d’études, « le Vietnam est-il en capacité de produire ce produit avec la qualité et la matière première espérée ? ». Ces études peuvent être réalisées par des VIE, en charge de trois ou quatre pays dans la région, ou par des entreprises de sourcing spécialisées dans ledit secteur d’activité et dans le ou les pays interrogés. Il faut être stratégique, pas opportuniste. Chaque pays a son avantage comparatif dans tel ou tel secteur.
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